"C'était il y a plus de 40 ans...
On était à Ventadorn, la maison de disque occitane et un autre groupe naissait en Périgord, Peiraguda ça s'appellait.
Nous, ici, on était contents, ils étaient comme nous, avec les mêmes convictions, le même entêtement, le même chemin de mémoire à parcourir.
On se revoit souvent et tout ça est là, encore intact, les mêmes enthousiasmes, les mêmes colères et le rire.
Que notre joie et notre amitié demeurent."
Joan de Nadau
"Hep, là-bas! 40 ans qu'on vous observe à battre les chemins, à filer le long des crêtes, à jouer à saute-frontière, langue d'oc au bec et guitare à la bretelle. 30 ans! L'espace de 30 vendanges et de 30 cueillettes de châtaignes, l'espace qu'il faut à une génération d'hommes pour s'accomplir.
30 ans qui ont vu s'écrouler des empires et d'autres prendre leur place, des illusions disparaître et naïtre de nouveaux espoirs: 30 ans me damnent!
30 ans qu'est-ce que vous ramenez d'une si longue course, vous les griots, les témoins, les colporteurs de mémoire et de musique, les pisteurs d'étoiles, les traqueurs de rêves?
Allez, posez votre sac, qu'on fasse le compte des caresses et des coups, du possible et de l'impossible, de l'ombre et de la lumière! Allez, posez votre sac, qu'on boive un coup ensemble avant de reprendre la route. Eh, les Peiraguda, tenons ferme!
il va encore falloir de tailler des pistes au coupe-coupe dans la jungle des conformismes, se forer galerie sous des millions de mètres cubes de fatalisme sédimentaire. Mas cresi que sèm a punta d'alba... Sans avoir oublié, nous voici en train de renaïtre peu à peu au grand jour, tels que nous sommes et citoyens du monde!"
Claude Marti
"1987. Je vivais à Paris à l'époque.
Un coup de fil de Jean-Marc Pernon m'annonce qu'il vient jouer au théâtre du Tourtour avec un groupe occitan. Grand étonnement. Plus intransigeant que Jean-marc, y'avait pas... on avait longtemps joué des reprises des Cream, Rory Gallaguer, Hendryx et lui comme moi, on ne voulait pas en sortir.
A la soirée en question, sous la cave voutée, je fais la connaissance de Jean Bonnefon et des autres musiciens de ce curieux mélange folk-occitan-bluesy. C'était très réussi, world music avant l'heure. On parle, on parle, les goûts communs, le pays, la musique, la langue, le rugby. Avec jean, on en parle encore; de tout çà et de bien d'autres choses."
Francis Cabrel